As d'Or 2024 et deuxième meilleure vente de Philibert en 2023, TRIO est sur le toit du monde ludique depuis sa sortie en mars dernier. On a cherché a en savoir plus sur ce petit jeu coloré bien parti pour s'installer durablement dans le foyer des joueurs. Voici l'interview croisée de quelques membres de Cocktail Games, Sarah, Laura et l'incontournable Matthieu d'Epenoux.
Philibert : Comment TRIO, ou plutôt Nana, s’est-il retrouvé sur le bureau de Cocktail Games ?
Sarah : Comme vous le savez peut-être, nous faisons du sourcing au Japon et de temps en temps, nous ramenons une pépite du pays du Soleil Levant. C'est le cas du jeu Nana, auto-édité par Kaya Miyano. Grâce à notre intermédiaire* au Japon, nous avons pu avoir rapidement le jeu entre nos mains et nous avons pu échanger avec l'auteur, malgré les barrières de la langue.
*souhaitant rester anonyme
Philibert : Quel a été le tout premier sentiment de l'équipe ?
Sarah : L'excitation ! Nous avons beau avoir plus de dix propositions de jeu par semaine, il est rare de voir un jeu se démarquer franchement. Ce jeu-là était tout ce qu'on recherche : à la fois simple, original et avec un potentiel tout public.
Philibert : Avez-vous rencontré des difficultés pour sa localisation ? Comment s’est passée la relation avec l’auteur ?
Sarah : Non, aucune difficulté de localisation. Kaya Miyano nous a fait directement confiance et les échanges ont été simples et fluides grâce à notre intermédiaire franco-japonais.
Philibert : Avez-vous changé des points de règles par rapport à la version japonaise ?
Sarah : Oui, TRIO diffère légèrement de Nana. Nous avons séparé les deux conditions de victoires pour en faire deux modes différents : le mode simple et le mode picante. Nous avons aussi changé le nombre de joueurs. De 2 à 5, il est passé de 3 à 6. En effet, le jeu à deux joueurs nous a semblé peu pertinent du fait qu'il demande uniquement de la mémoire (et peu de déduction), et à 6, les tests ont prouvé que cela se jouait très bien également. Ainsi, cela nous a permis d'ajouter un mode en équipe, pour les joueurs en nombre pair ; variante qui plait bien aux joueurs.
Philibert : Entre la version originale et sa localisation, l’identité visuelle a subi un sacré coup de pinceau. Tout a été fait en interne avec Laura Michaud, votre graphiste maison (Hanabi et Top Ten, Maudit Mot Dit). Pouvez-vous nous en dire plus sur ce relooking ?
Sarah : Pour TRIO, c'est en effet le travail de Laura qui s'est illustré avec brio.
Laura : Notre problématique est souvent la même : nous éditons des petits jeux qui n'ont pas besoin de « thématique » particulière. Pour TRIO, il s'agissait d'habiller des cartes avec « juste » des numéros et essayer de rendre tout ça sexy et lisible. Dis comme ça, ça peut sembler simple… mais, pour avoir travaillé sur plusieurs jeux de ce style, je peux vous assurer que non.
Il y a plusieurs points qui étaient importants pour nous : il fallait que le jeu ait une personnalité pour qu'il soit identifiable, que le public cible se reconnaisse en voyant la boîte. Et bien sûr que l'ensemble soit plutôt esthétique.
Quand j'ai proposé l'idée des papels, l'idée a très rapidement plu à toute la Cocktail Team. On l'a validée dans la foulée.
J'ai ensuite travaillé sur les cartes qui ont chacune un thème : l'amour, la mort, la musique. Il y en a aussi des plus funs comme celle avec l'avocat qui termine en guacamole, ou celle avec le catch mexicain. L'avocat à la base était secondaire, mais il nous permet de l'utiliser pour en faire une petite mascotte. Côté technique, je travaille beaucoup en vectoriel, j’ai tout dessiné directement sur Illustrator.
Sarah : Ainsi, cette identité visuelle a été mise en lien avec le titre et si pendant longtemps, TRIO a été le nom de code du prototype, il s'est finalement imposé comme le titre idéal pour plaire et parler au plus grand nombre…
Philibert : Un petit mot pour Matthieu. Alors content ? Ça valait le coup d’attendre ? Au moment de signer le jeu, pensiez-vous qu’il vous mènerait jusqu’à l’As d’Or ?
Matthieu : Oui, ça valait le coup d'attendre. Sans être présomptueux, signer un jeu comme TRIO, c'est un peu comme si on avait la certitude d'avoir tous les chiffres du Loto. Mais on attend quand même le tirage pour en être tout à fait sûr. Plus sérieusement, l'engouement incroyable du public pour le jeu et les enchaînements compulsifs de parties nous ont convaincus dès la signature que l'on tenait un jeu extraordinaire.
Philibert : Un souvenir particulier sur le jeu ?
Matthieu : L'enthousiasme communicatif des Ludonautes (Anne-Cécile, Cédric, Manon et Bruno), il y a 18 mois, quand on leur a fait jouer à TRIO à Berlin, quelques heures avant la remise du Spiel des Jahres où ils étaient nommés pour Living Forest et nous pour Top Ten. Cela nous a fait extrêmement plaisir.
