Sins of the Father

Avec la volonté de s'inscrire dans un courant très actuel, Sin of the Father s'émancipe des standards du Jeu de Rôle complexe et très règlementé, fait de gros volumes trop dirigistes et de toile de fond complexe et dense. Avec moins d'un centaine de page, ce petit jeu de rôle vous propose d'incarné un Damné, un pauvre hère dont l'âme a été vendu par ses parents, bien avant sa naissance, à un Sombre Seigneur (Et là, normalement, c'est le moment où tous les anglophones verrons la lumière s'allumer à tous les étages concernant le titre du recueil).

Vous n'êtes pas à proprement parler un méchant, loin de là même, il s'agirait plutôt de dire qu'il s'agit d'un manque de bol caractérisé. Si certains seraient susceptibles d'entamer une longue tirade pour affirmer qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise situation, la votre est globalement peu enviable. Dirigé par un Péché Originel (Gourmandise, Paresse, etc...) votre personnage lutte constamment pour maintenir sa vie à flot, dans un maelström de situations dramatiques, d'émotions malsaines et de relations chaotiques.

Toute cette belle mascarade est généralement orchestrée par votre Sombre Seigneur, pour vous maintenir docile et serviable. Ce dernier peut prendre bien des aspects, dont certains seront tirés au sort en début de partie, il ne restera plus aux joueurs qu'à compléter les trous pour donner vie à leur bourreau.
Mais ce dernier n'est pas qu'une entité malfaisante, il est aussi un bienfaiteur efficace, qui, contre une Dette contractée donnera corps et réalité à tous les rêves des Damnés (Enfin ceux qui l'arrangent le plus.).

Et pour représenter au mieux cette sensation constante qu'auront les Damnés de marcher au bord de l'abîme, jonglant constamment avec leur vie normale et leur servitude docile, quoi de mieux que de remplacer les sempiternels dés par des cartes? En Effet, ici le hasard sera laissé aux cartes, mais c'est un semi-hasard, car il tiendra majoritairement au Damné de choisir de piocher dans son paquet pour réussir ses tâches, gare à celui qui l'épuiserai, le coût pourrait être trop élevé pour y survivre.

Et pourtant piocher sera nécessaire si l'on veut mener à bien les missions tantôt cocasses, tantôt horribles du Sombre Seigneur. Les cartes représentent la potentielle puissance du Damné, plus en il en pioche plus ses chances de réussites augmentent, mais plus le prix à payer sera salé.
Sins of the Father, s'il n'est pas le premier à introduire la mécanique des cartes (Coucou Deadlands!) tire toutefois son épingle du jeu en leur donnant une légitimité solide. Les joueurs apprendront bien vite que réduire sa pioche se fait avec raison et pondération, au risque de se voir endetté plus encore auprès de leur Maître.

L'ambiance résolument sombre du titre n'est pourtant pas exempte de quelques éclaircies, et si le ton se veut dramatique au premier abord, il est tout à fait possible de jouer une partie plus légère, tintée d'humour noir et pourquoi pas d'un espoir de voir sa ou ses Dettes effacées.

Cette version française de Sins of the Father se démarque également de sa version originale par un scénario inédit, concocté par nos collègues de Barbu Inc, les éditeurs de cette édition, qui permettra de vous faire une idée solide de ce que le titre a à apporter!

Pour conclure, Sins of the Father est un jeu de rôle dont la prise en main rapide et facile, la thématique et la mécanique ont tout pour séduire. Si celui-ci s'ancre volontairement dans une époque contemporaine, il peut à loisir s'adapter à de nombreuses autres périodes de l'Histoire tant son thème est intemporel. La lutte constante de l'homme contre ses instincts les plus vils.

Une pépite à ne pas manquer!