THE ARTEMIS ODYSSEY promet une belle promenade dans l’espace pour des compagnies concurrentes, avides de laisser leurs empreintes sur les différentes planètes visitées. La thématique est un joli support à une mécanique qui se prête avec cohérence à l’exercice. En ce sens, l’espace est un terrain de jeu parfait pour ce jeu mêlant programmation, « guessing » et développement. En effet, la première phase de chaque tour de jeu permet aux joueurs de prévoir les actions qu’ils souhaitent entreprendre lors de la seconde phase en jouant secrètement des cartes Action de leurs mains sur un plateau de jeu dédié. Jusque-là, rien n’est très original. On pense notamment à COLT EXPRESS. Mais, THE ARTEMIS ODYSSEY présente un « twist » étonnant et intelligent. Ces cartes peuvent être placées sur n’importe quel emplacement, et non pas obligatoirement les unes à la suite des autres, ce qui a pour conséquences de bouleverser constamment l’ordre du tour de jeu pendant la phase d’actions, mais également d’augmenter considérablement les réflexions autour des possibles actions adverses. Le « guessing » devient alors un élément central dans la course à la victoire. Il faut savoir deviner les volontés adverses, pour en tirer profit au bon moment, afin d’entreprendre une action personnelle particulièrement bien choisie et efficace quand vient notre tour. Évidemment, l’avantage du joueur actif sera de profiter seul de son action ou tout du moins de laisser des miettes aux autres. En ce sens, THE ARTEMIS ODYSSEY s’appuie sur des interactions permanentes très subtiles, assez sournoises, et franchement coquines. Plus haut, j’évoquais une « Course à la victoire ». C’est bien cela dont il est question. THE ARTEMIS ODYSSEY est une course aux points, mais présentant une réelle singularité dans la manière de les obtenir. Seuls les joueurs décident des moments de « scoring » et des éléments à prendre en compte pour ceux-ci. En effet, c’est en jouant une carte Score que le joueur actif décide pour tout le monde quand et comment les points seront marqués. Là encore, il s’agit de profiter de ce moment tout en désavantageant les adversaires, d’autant plus que le participant obtenant le plus de points se voit attribuer un bonus alors que celui en ayant récupéré le moins est sanctionné d’un malus. Ainsi, il ne s’agit pas d’attendre toute la partie et le développement total de notre Compagnie pour déclencher des décomptes de points. À l’inverse, il faudra être attentif au terrain de jeu pour remarquer les éléments personnels plus aboutis que ceux de nos adversaires afin de profiter de cette avance. Il met en scène une course au développement contre les autres, et dans laquelle il faudra en permanence se démarquer. THE ARTEMIS ODYSSEY devient alors un jeu de « court-circuitage » aux sensations véritablement singulières et rafraîchissantes. Le reste est plus classique, il s’agit de voyager, de récupérer des ressources, de construire des bâtiments, permettant de produire davantage. La montée en puissance est, en ce sens, remarquable. L’action Échanger, indispensable tant il est impossible de produire toutes les ressources nécessaires aux constructions, fait indiscutablement penser à CATAN. Oui, c’est bien cela, THE ARTEMIS ODYSSEY, c’est CATAN, en plus expert, en plus fourbe, en plus subtil, en largement mieux. En résumé, THE ARTEMIS ODYSSEY est un très bon titre, suffisamment ludique pour un jeu expert, mais suffisamment expert pour un jeu accessible. Le matériel rend l’expérience encore plus agréable. Il devient absolument succulent quand les joueurs maîtrisent l’ensemble des paramètres afin de le mettre sur un rythme de croisière orbitale.