It’s a Wonderful World, Meeple Land, Clash of Rage, Grandbois et en ce moment It’s a Wonderful Kingdom en financement participatif (financé en 20 minutes => le lien içi), et j’en passe ? Ça fait déjà une belle carte de visite pour son auteur Frédéric Guérard (=> son interview en avril 2020 sur undécent.fr.).
Lorsqu’on a appris chez Undécent fin 2020 la sortie de Bellum Magica chez Blue Orange et qu’on avait découvert avec parcimonie les premiers visuels accrocheurs signés Sylvain Aublin, on était impatient de le tester et de vous dire ce qu’il avait dans le ventre. Et nous n’avons pas été déçu : un jeu coloré, pas cher, magnifiquement illustré, fourni en matériel (un gros dé qui sera au cœur de la mécanique de jeu, beaucoup de cartes bien épaisses, 6 beaux plateaux joueurs représentant les Seigneurs Maléfiques, des jetons en carton épais vernis sympas et des ressources en bois toutes mimi, et des inserts ultra pratiques qui servent durant la partie), le tout pour servir une mécanique de tableau building très efficace. Bon stop ! Engine building, bag building, deck building. Et maintenant tableau building ? C’est pas la crise dans le secteur de la construction à ce que je vois. Alors késako cette mécanique de construction de tableau ? Rien d’artistique, c’est simple : construire petit à petit un château résistant à tout – et qui sera la base de vos raids futurs -, en achetant des cartes et en les glissant sous son plateau de jeu, afin d’en cumuler les effets. Simple, efficace.
Cachons-nous, attendons la nuit, rampons et allons y voir d’un peu plus prêt. Bon je prends tout de même ma lampe frontale et mon opinel au cas.
Récolter, grossir son armée, attaquer, amasser les trésors pour devenir un seigneur vraiment maléfique …. ça, ça me plait !
Dans Bellum Magica, chaque joueur incarne un seigneur maléfique. Recrutez des créatures, allant du simple gobelin à de terrifiants dragons, et assignez-leur une tâche dans votre royaume : les uns iront récolter des ressources et explorer les alentours, tandis que les autres rejoindront votre armée afin d’attaquer le royaume des humains et les autres joueurs. Amassez des coffres remplis de trésors, et devenez le seigneur maléfique le plus riche et le plus puissant de tous les temps !
Blue Orange
Bellum Magica est un jeu familial pour 2 à 5 joueurs pour des parties de 30 minutes environ. Des parties qui montent en puissance jusqu’à un final délicieusement tendu … Comment ? Chaque seigneur est à la tête de 6 hordes dont les pouvoirs qui sont inscrits sur les côtés de son plateau château se déclenchent suivant le résultat d’un lancer d’un dé à 6 faces (la horde 1 déclenche ses pouvoirs si la face du dé affiche 1 et ainsi de suite jusqu’au 6)… Rien est acquis au premier lancer puisque tu peux faire relancer le dé si tu possèdes les jetons requis. Une fois la face de dé validé, le seigneur possédant la horde avec le plus de cartes au trésor récupère déjà un coffre. Ensuite, chaque seigneur récupère les ressources qui correspondent à sa horde, puis, les épées qui vont permettre soit d’effectuer une attaque vers un seigneur adverse (pour récupérer un coffre qu’il peut avoir en sa possession) soit de piller le royaume humain (situé au centre de la table). Ce royaume rapporte des ressources et des coffres qui deviennent de plus en plus précieux au cours de la partie. A la fin du tour de jeux, tu peux recruter des créatures qui renforceront l’une ou l’autre de tes 6 hordes (parfois plusieurs mais il faudra en payer le prix). Ces créatures permettent d’agir sur deux catégories d’événements du jeu, et tu ne peux en choisir qu’une seule : soit sa capacité à améliorer les ressources de tes hordes et les cartes au trésor, soit celle qui augmente ton nombre d’épées … Et c’est un choix cornélien car tu regretteras forcément celle que tu délaisses. A toi de faire les bons choix pour donner à ta forteresse, le profil idéal qui te permettra d’optimiser chaque face du dé lancer. En route seigneur maléfique !
Réveille le seigneur maléfique qui est en toi ! Avec des mécaniques de jeux qui vont s’entremêlées, Frédéric Guérard nous offre avec Bellum Magica des alternatives de jeu intéressantes. Mais avec un seul objectif final : devenir le plus riche avec tous les coffres acquis pillés au cour de la partie. Pour y parvenir, rien de plus simple. Avec une mécanique de tableau building, tu améliores le potentiel de ton château en recrutant des créatures dotées de compétences réparties sur six lignes et qui se déclenchent selon le résultat d’un lancer de dé à six faces. Et chaque créature te propose deux types d’améliorations mais tu ne pourras en conserver qu’une seule dans ton château : acquérir des cartes au trésor et de ressources (qui permettent de recruter d’autres créatures) ou améliorer le potentiel d’attaque de ton château.
A ce mécanisme de jeu s’ajoute le principe du stop ou encore « collectif » un peu déguisé. Quand le chiffre du dé n’est pas intéressant pour certains ou, à l’inverse, favorise trop les actions d’un autre, chaque seigneur peut en effet faire relancer le dé au maître du jeu grâce à des bonus récupérés auparavant. A toi de bien observer ce qui se passe dans les châteaux adverses pour savoir si la relance du dé est intéressante. On assiste parfois à une véritable bataille de « relances » jusqu’à épuisement des bonus de chacune des parties…
Dans cette ambiance plutôt tendue, le coté fun et aléatoire provoquera quelques frustrations surtout au niveau des possibilités de recrutement des cartes créatures et des possibilités de pillages des villages, villes et cité humaines. Mais le tout est noyé dans la succession des tours et il y aura toujours quelque chose d’intéressant à faire. Il faut toutefois arriver au bon moment avec les bonnes ressources pour récupérer les cartes les plus intéressantes. Les vols entre seigneurs seront possibles mais demeureront assez compliqués. Tu auras toujours un tonneau de bière et un jambon en lot de consolation (si tu ne parviens pas à tes fins) !
Coté design, les illustrations sont très colorées, originales représentant des créatures maléfiques très sympas, parfois délirantes. Le matériel est agréable, et trois compartiments de jeu thermoformés servent à la fois de réserve et de rangement dans la boîte. C’est très appréciable et bien vu par l’éditeur, même si on reste dans du plastique.
Verdict : Voici donc un jeu plutôt familial, tendu et original qui plaira aux joueurs qui aiment faire des choix tactiques (qu’ils regretteront certainement plus tard), et qui admettent qu’une part d’aléatoire doit toujours amener un peu de fun dans un jeu de société. Les nombreux mécanismes ingénieux t’inciteront à rejouer pour tester différentes stratégies qui seront bien spécifiques au profil particulier que tu donneras à ta forteresse. L’expérience de jeu n’en sera que meilleure. Alors faut-il plus d’épées pour piller, plus de jambons pour recruter ? Quelle face de dé favoriser ? Recruter tout de suite ou attendre une aide maléfique plus intéressante ? A toi de choisir, mais dans tous les cas, tu n’épargneras pas les malheureux humains que tu vas attaquer pour développer la puissance de ton ignoble château.
https://undecent.fr/2021/04/22/bellum-magica/