Magicarta, c’est un peu comme ouvrir un grimoire lumineux tombé d’une étagère oubliée. On y découvre un monde foisonnant, doux et mystérieux, réparti sur neuf plateaux magnifiquement illustrés, tous en recto-verso, pour un total de 18 lieux à explorer.
C’est Fanelia, déjà remarquée pour le somptueux La Clef (volumes 1 et 2), qui signe ici un univers plus enfantin et chaleureux, mais toujours riche en détails, presque contemplatif. On s’y promène des yeux autant qu’on y cherche des réponses.
Une mécanique narrative bien pensée...
Le jeu fonctionne sur une base de narration chapitrée : chaque plateau correspond à un lieu, chaque lieu globalement à un petit scénario, chaque scénario à plusieurs énigmes ou des défis d’observation.
Pour résoudre l’énigme, il faut des lettres. Chaque lettre vous rapproche d’un mot-mystère, qui dévoilera peu à peu l’histoire de la petite âme errante qui vous guide. Pour nous guider, le jeu nous propose des « outils » : anagramme, points a relier, jeu des différences etc.
On avance ainsi par à-coups narratifs et indices fragmentaires, dans une construction progressive très plaisante, surtout en duo adulte/enfant.
… mais une histoire qui ne tient pas toutes ses promesses
Si la forme est soignée, le fond narratif laisse une impression plus mitigée. Le texte, souvent trop long, peine à maintenir la tension.
Les répétitions cassent le rythme, le vocabulaire pompeux crée une distance, et certains mots finissent par lasser (coucou "spectral", qu’on croise toutes les deux cartes).
L’idée de départ — une âme sans nom qui cherche son identité — aurait pu être poignante, mais reste convenue, sans rebondissements majeurs ni émotion forte. J’espérais une montée en puissance, une révélation à la Coco de Pixar… mais non.
Le final réserve une belle surprise, qui a touché ma fille, et c’est probablement ce qui compte le plus ici. Mais pour l’adulte, on reste un peu sur sa faim.
Enigmes, observation et immersion
Côté gameplay, les énigmes sont variées, toujours liées aux illustrations, et sollicitent mémoire visuelle, logique douce et sens du détail. On avance sans frustration, mais pas non plus en mode “eureka” constant. D’ailleurs on trouvera facilement des indices et les réponses sur le site officiel.
Certains plateaux demandent d’être visités plusieurs fois, et la structure même du jeu donne envie d’y revenir. La difficulté reste progressive, bien dosée pour un public familial dès 8-10 ans.
Un matériel enchanteur
Gros point fort du jeu : son matériel. Les plateaux sont magnifiques, grands, colorés, remplis de petits éléments à observer. Le format recto-verso est judicieux, et l’ensemble donne envie de manipuler, de prendre son temps, de s’immerger. C’est un jeu plaisir visuel, un bel objet à sortir, à feuilleter presque comme un album illustré.
❤️❤️❤️????????
Magicarta est un beau jeu d’exploration narrative, qui brillera avec des enfants curieux, des parents disponibles, et un moment calme sous la main. C’est un jeu d’atmosphère, où l’on prend le temps, où l’on regarde, où l’on écoute… mais qui pourra frustrer ceux en quête d’un récit haletant ou de grandes révélations. Un joli moment en famille, une belle direction artistique, mais une histoire qui peine à faire vibrer. À découvrir pour le plaisir de l’exploration, pas pour le frisson du scénario.