Le principe
Take Time est un jeu coopératif signé Libellud où tout se joue dans le silence. Pas un mot à table, juste de la déduction.
Chaque joueur reçoit un certain nombre de cartes numérotées (blanches ou noires). Tour après tour, on vient poser une carte généralement face cachée devant une portion du cadran central. L’objectif est simple… du moins en apparence : constituer une suite de valeurs toujours croissantes autour de l’horloge.
Mais attention :
Toutes les cartes de la manche devront être jouées (les 12 !)
12 cartes restent systématiquement non distribuées
Et surtout, aucune communication verbale n’est permise. Pas un mot, pas un geste explicite.
Résultat : chaque choix devient un exercice de lecture subtile des intentions des autres, un mélange de logique, de tension et de petits frissons quand on retourne les cartes en priant pour que la séquence tienne encore debout.
Des enveloppes pleines de défis
Le jeu ne se contente pas de cette règle de base. Dans la boîte, on trouve plusieurs enveloppes thématiques, chacune proposant 4 scénarios différents qui font évoluer les contraintes :
certaines couleurs à respecter,
des positions obligatoires,
des chiffres interdits,
ou encore des ordres stricts à tenir…
…
Chaque nouveau défi renouvelle complètement la manière d’aborder la partie, obligeant le groupe à réinventer ses stratégies silencieuses. Et croyez-moi, ça pique !
Et puis, cerise sur le gâteau, il y a cette ultime enveloppe… ???? On ne dira rien, mais préparez-vous à des surprises qui retournent encore le cerveau.
Un design au service du jeu
Ce qui bluffe, c’est qu’avec de simples cartes numérotées, Libellud parvient à créer une intensité incroyable.
Les cartes sont magnifiquement travaillées, avec un graphisme à la fois épuré et élégant, et un soin tout particulier apporté aux couleurs et aux contrastes lumineux/sombres. Résultat : même après des dizaines de parties, on s’émerveille encore devant ce qui pourrait sembler minimaliste.
Mais le vrai bijou, ce sont les émotions à table :
la jubilation collective quand un cadran est parfaitement réussi,
les rires nerveux après une erreur fatale,
l’envie frénétique d’ouvrir « encore une enveloppe » pour voir jusqu’où les auteurs ont osé aller.
Take Time, c’est l’exemple parfait du “petit jeu qui cache un grand”. D’une règle de base hyper simple et abordable, il enchaîne les défis malins qui provoquent réflexion, tension et une vraie satisfaction quand le groupe réussit. De vraies émotions collectives.
C’est accessible (même les plus jeunes peuvent jouer), mais d’une exigence tactique folle quand on pousse les scénarios plus loin. On jubile, on se prend des claques, on rejoue immédiatement… et on se dit à chaque fois : « Mais qu’est-ce qu’ils ont encore inventé pour la suite ?! »
Un jeu qui, pour moi, mérite l’As d’Or sans l’ombre d’un doute, un jeu d’exception à mettre entre toutes les mains.