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5 questions à... Plateau Marmots

5 questions à... Plateau Marmots
Le Philiboy Sébastien
Sébastien
Mis à jour le  30/11/2022
#article

Chez Philibert, nous sommes fiers de compter des partenaires animés par une flamme intarissable pour la chose ludique. À travers leurs différents contenus, chacun de ces passionnés contribuent à rendre notre écosystème toujours plus vivant et attrayant. Pour leur rendre hommage, nous vous proposons de découvrir les personnes qui se cachent derrière ces plateformes à travers notre série d’interviews “5 Questions à…” Ce mois-ci, nous avons eu le bonheur d’échanger avec Olivier du site Plateau Marmots.


Logo de Plateau Marmots

Philibert : Peux-tu te présenter et nous dire ce que tu fais dans le milieu ludique et dans la vie ?



Olivier : Eh bien, je m’appelle Olivier, j’ai 48 ans et je suis passionné par les choses de l’écriture, de l’Internet et du jeu de société depuis de trèèèèèèss longues années. Je ne suis pas du tout un grand joueur, mais j’ai une véritable passion pour "l’objet-jeu", qui me pousse souvent à collectionner ou à pledger un peu tout et n’importe quoi s’il y a un effet wahouuu à la clé. À titre perso, je suis très branché par les jeux solos narratifs et les ameritrashs avec trouze mille figurines (qui ne seront jamais peintes, faute de temps et de talent). J’aime les thèmes forts et les mécaniques légères, tout simplement parce que je suis en général trop impatient (ou fatigué) pour optimiser des tours de jeu ou placer judicieusement des ouvriers innocents. Vous l’aurez compris : je ne suis pas du tout un joueur expert et j’ai besoin de me laisser porter par une histoire tout au long d’une partie. 



Mais tout change… 



Porté par mon amour du jeu solo, j’avais créé en 2014 une chaîne Youtube dédiée au jeu solo (Plateau Solo – totalement irregardable aujourd’hui) puis en 2017 un blog dédié au jeu de société pour enfants, Plateau Marmots. Ces deux expériences m’ont amené à découvrir des mécaniques de jeu qui me rebutaient sur le papier et que j’apprécie aujourd’hui, donc timidement, tranquillement, j’élargis mes horizons ludiques par le prisme du jeu enfant, ce qui est très enrichissant.


Philibert : Peux-tu nous raconter l’histoire de Plateau Marmots ?


Olivier : Haha ! En fait, de manière très classique, l’histoire de Plateau Marmots remonte à 2015, quand je suis devenu papa. En tant qu’amateur de jeux, j’étais horrifié par l’image que le grand public se faisait du jeu de société pour enfants, cantonné aux rayonnages des hypermarchés. Les gens remplissaient leurs caddies de Cluedo, Monopoly, Labyrinthe ou Délir’o toilettes en étant persuadés que l’offre du jeu de société se limitait à cela. J’ai ressenti le besoin de partager mon expérience, d’informer, d’expliquer, et de critiquer, parfois, quand les jeux me semblaient véritablement insuffisants. Je vis dans une grande famille et mes enfants ont beaucoup de cousins et de cousines, et donc beaucoup de petits testeurs qui adorent donner leur avis.


Si Plateau Marmots existe encore, c’est totalement grâce aux parents qui se sont reconnus dans le message que je voulais porter et ont rapidement rejoint le site, devenu alors collaboratif. Une équipe s’est peu à peu formée : des rédacteurs qui vont et viennent alors que leurs enfants deviennent grands, tous unis par la certitude que le jeu enfant a énormément de choses à apporter aux petits joueurs, aussi bien pour l’amusement que pour le développement de compétences. Et sans ces personnes, toutes bénévoles, il n’y aurait plus de site depuis longtemps.


La ligne éditoriale de Plateau Marmots a toujours été la même : nous adresser aux parents et tenter d’évaluer si les jeux sont amusants pour les enfants… mais aussi pour eux, les parents. Notre propos est clairement d’inciter les parents à découvrir le jeu pour enfants, alors que la plupart des parents font souvent l’inverse et sont persuadés qu’ils tirent leurs enfants vers le haut en les faisant jouer à des jeux d’adultes. Nous revendiquons donc un ton décomplexé, d’adulte à adulte, mais nous sommes dans une bienveillance évidente. Notre démarche tient plus dans le fait de rechercher à qui s’adresse tel ou tel jeu plutôt que de dire s’il est bon ou mauvais. C’est d’ailleurs pour cela que nous ne mettons pas de notes en bas des reviews : nous ne sommes pas là pour donner des bons ou mauvais points (et au nom de quelle autorité le ferait-on ?), mais juste d’essayer d’aiguiller les parents en fonction des attentes de leurs enfants.


Quelques années après Plateau Marmots, nous avons lancé Plateau Junior !, l’alter ego du site pour les enfants plus grands, et nous travaillons férocement sur Plateau Aventures, un futur site dédié aux jeux de rôle, escape games, jeux narratifs et dungeon crawlers pour enfants.


Plateau Marmots

Philibert : Plateau Marmots se consacre exclusivement aux jeux enfants, pourquoi avoir choisi ce créneau ?


Olivier : Parce que personne d’autre ne le faisait, tout simplement ! 😊 Quand je me suis lancé, le jeu enfant était souvent résumé à HABA, Schmidt, Djeco et Gigamic, loin de la diversité qu’il connait aujourd’hui. Et s’il était souvent possible de trouver des infos concernant des jeux Haba sur plusieurs "blogs de mamans", ces sites avaient tendance à disparaitre aussi vite qu’ils apparaissaient. Je n’avais pas non plus trouvé mon bonheur sur d’autres médias, car la partie jeux enfants était souvent liée à une partie "jeux adultes", comme c’était le cas pour Ludigaume, notamment. Les médias spécialisés, comme TricTrac ou Plato traitaient à l’époque le jeu enfant comme part négligeable. Et le discours des articles, quand il y en avait, était souvent centré sur l’enfant, et non sur la relation parent-enfant dans le cadre du "jouer ensemble".


Je me suis rendu compte, après coup, qu’il y avait en fait une vraie demande d’information sur le jeu pour enfants, une vraie attente des parents, mais aussi des professionnels (ludothécaires, boutiques…)… et que personne ne le faisait vraiment. J’ai toujours eu un énorme plaisir à voir d’autres sites apparaître, plus ambitieux, mieux aboutis techniquement… en me disant qu’ils allaient prendre le relais… mais bien souvent les sites ont du mal à durer, à se motiver pour poursuivre. C’est une activité épuisante, surtout quand on est bénévole, et la review écrite, c'est un gros travail de fond, un feeling qu’il est impossible de traduire via un post Instagram avec deux photos de la boîte sous cello. Mais j’avoue que je rêve souvent qu’un gros acteur des médias vienne un jour ouvrir un média global avec le même souci de donner envie aux parents de jouer avec leurs enfants. Alors, je pourrai me reposer (ou bien envoyer mon CV)^^.


Plateau Marmots

Philibert : Plateau Marmots vient de fêter ses 5 ans. Si tu ne devais garder qu’un seul souvenir, ce serait lequel ?


Olivier : Cannes 2019. C’était mon deuxième FIJ et c’est là que j’ai pris une claque monumentale. Il faut savoir que je suis quelqu’un d’excessivement timide, j’ai beaucoup de mal à me présenter sur les stands. Donc en 2018, pour ma première venue, j’étais venu sur le salon et j’avais découvert des dizaines de chouettes jeux, mais de manière complètement anonyme. L’année suivante, en revanche, j’avais été accompagné par Soffy, une rédactrice arrivée depuis lors, qui m’avait servi de guide de stand en stand, en mode :


« Bonjour, moi c’est Soffy et voici Olivier, on est de Plateau Marmots ».


Et sur tous les stands, mais réellement TOUS les stands, l’accueil était énorme. Les éditeurs étaient chaleureux, enthousiastes, ils connaissaient le site, le ton, la charte éditoriale, et tous avaient la même phrase : « heureusement que vous êtes là ! ». Alors moi, petit blogueur anonyme soudain propulsé en tant qu’interlocuteur crédible par des professionnels du milieu, cela m’avait collé une claque monumentale, allant parfois jusqu’à l’angoisse (que j’allais calmer en allant engouffrer des pizzas chez Cresci). Tout le salon fut ainsi un énorme rollercoaster, partagé entre la joie de voir mon travail aussi bien accueilli, mais aussi par l’aspect démesuré des choses. Parce que bon, je ne sauve pas des vies, hein, je joue à des jeux pour enfants et je dis ce que j’en pense, c’est tout ^^. Donc voilà, ce Cannes 2019 m’a clairement montré que l’existence de ce site était finalement importante, pas seulement pour les parents, mais aussi pour les professionnels. Ce fut pour moi un moment très fort, vertigineux, angoissant par moments, mais assurément mémorable !


Plateau Marmots
La première édition du jeu de société Talisman

Philibert : Quel est ton premier souvenir ludique ?



Olivier : Mon tout premier ne doit pas être très palpitant, ça doit être des jeux des années 1980, comme Canon noir, Pièges !, Perds pas la boule ou Cluedo. Des parties sympa, mais rien qui ne se détache vraiment. Mais le premier jeu où il s’est vraiment "passé quelque chose", c’est Talisman. J’étais un grand lecteur de LDVELH depuis la sortie du Sorcier de la Montagne de Feu, et voir arriver ainsi une grosse boite de jeu avec le même habillage, c’était assez fou pour moi. Donc oui, je sais, Talisman c’est juste un gros jeu de l’oie fantasy, sans doute trop long et avec trop de hype pour ce qu’il est vraiment, mais je lui garde toujours une place spéciale, surtout pour cette édition d’origine au format improbable.


Philibert : Et enfin, peux-tu nous donner ton TOP 5 (subjectif) des meilleurs jeux de tous les temps ?


Olivier : Pour enfants, je suppose ? ^^ Il vaut mieux, parce que déclarer mon amour inconditionnel pour les jeux Flying Frog ou Van Ryder ne parlera sans doute pas à grand monde 😊. Mais puisque nous approchons de Noël et qu’arrive le douloureux moment de choix de cadeaux, je me plie à l’exercice d’une petite sélection. Je ne dirais pas que c’est un Top, car je serais infoutu de les classer, mais à mon avis voilà 5 jeux qu’enfants et parents vont apprécier.


Rhino Hero On associe château de cartes et 8 américain, et paf, on a Rhino Hero, un jeu très simple, pas cher, et réellement amusant pour toute la famille. Que l’on soit adulte ou enfant, c’est intemporel, addictif, inépuisable. Bref : incontournable.


Zombie Kidz Evolution Sans doute l’un des jeux les plus marquants de ces dernières années dans sa manière de se densifier au fil des parties, selon le modèle des jeux “legacy”, avec des enveloppes et autocollants à mettre partout. Une vraie expérience de jeu “de grands” pour les petits, que l’on peut jouer accompagné dès 4 ou 5 ans.


SOS Dino / Kraken Attack Deux titres LOKI qui illustrent parfaitement le plaisir de jouer entre parents et enfants, avec un challenge intéressant et des mécaniques de jeu à la fois simples et addictives. Dans les deux cas, la scénographie est magistrale et plonge directement les joueurs dans l’univers, que ce soit celui d’une scène d’apocalypse avec des volcans qui explosent ou de l’attaque furieuse d’un animal légendaire. Dans les deux cas, l’immersion est énorme, vive, et les parties sont haletantes. C’est aussi sur ces jeux que les parents doivent apprendre à lâcher prise après quelques parties, ne plus diriger les actions, mais accepter de suivre les conseils des petits joueurs, même si cela doit mener à la défaite.


Bingo Island Un jeu impressionnant de simplicité et d’intelligence qui démarre comme un simple Loto pour mener vers de nombreuses actions, un peu de placement, un peu de gestion de ressources, un peu de reconnaissance tactile… On sort de chaque partie en ayant eu l’impression de vivre une belle expérience ludique. Et il y a toujours un risque avec ce type de jeu “à tiroir” que l’ensemble soit déséquilibré ou décousu. Ici ce n’est pas du tout le cas et les parties sont fluides, variées et palpitantes, et c’est un jeu que l’on ressort avec énormément de plaisir à chaque fois. Il est encore un peu trop récent pour juger de son avenir, mais il mérite vraiment une très longue carrière.


Petits détectives de Monstres Le jeu de rôle est un incroyable moyen d’expression pour les enfants. Il a tendance à effrayer les parents, qui ne savent souvent pas trop comment animer des parties, mais dans les faits c’est une source quasi inépuisable de plaisir de jeu. À ce titre, Petits Détectives de Monstres est une vraie réussite, car il permet aux parents d’animer des parties très simples et très courtes pour des enfants à partir de 4 ou 5 ans. Le twist, c’est que l’adulte qui mène la partie endosse aussi le rôle de joueur et guide l’équipe, en prenant soin de ne pas voler la vedette aux petits détectives. Cette approche ingénieuse permet aux enfants de jouer en toute confiance, et aux adultes d’adapter la difficulté et la durée des parties en fonction des réactions des enfants. Un excellent premier jeu de rôle pour enfants, qui manque sans doute d’un peu de pédagogie pour les nouveaux rôlistes, mais qui demeure aujourd’hui une formidable porte d’entrée au monde (encore méconnu !) du jeu de rôle pour enfants.   


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