Dans Kingdoms Crossing vous incarnez un castor contremaître mandaté par la Reine pour superviser la construction du huitième pont du Royaume de Clairesource. Votre mission : parcourir le royaume pour recruter les animaux de la forêt, collecter les ressources et dénicher les décorations les plus prestigieuses. Mais attention : vous n’avez pas le droit de traverser deux fois le même pont dans la même journée… et la Reine attend des résultats rapides !
Bouger, c’est acheter : la tension de l’argent
À chaque tour, vous utilisez l’une de vos 6 tuiles de déplacement, qui permettent de vous déplacer d’un territoire à l’autre et d’activer divers bonus. Chaque déplacement est un choix stratégique :
Acheter la carte du territoire visité (obligatoire sauf si on choisit de se reposer).
Se reposer pour gagner quelques pièces si le déplacement n’offre pas d’achat rentable.
Chaque manche se compose de 4 actions, et le jeu en compte 4 manches, ce qui structure parfaitement la progression et oblige à planifier ses mouvements sur le plateau.
Les cartes : bonus immédiat et moteur de jeu
Les cartes achetées offrent un bonus immédiat lors de leur acquisition, mais ne s’arrêtent pas là :
Elles sont placées en haut de votre plateau dans la zone Animaux. Chaque paire d’animaux d’une même catégorie confère des bonus divers (pièces, déplacements supplémentaires, points de victoire).
Collectionner une carte de chaque catégorie permet de débloquer un jeton refuge, et collecter deux séries ouvre encore plus de possibilités stratégiques.
Les cartes Habitat déclenchent un moteur de jeu unique, activable à des moments précis, qui peut renverser le cours de la partie.
Refuges : dilemme supplémentaire
Les refuges débloqués offrent un choix tactique : tenter de s’arrêter en fin de manche pour activer une carte Habitat bonus. Cela peut générer un avantage puissant, mais implique souvent de sacrifier un autre mouvement ou de retarder la construction du pont, créant un dilemme constant entre progression et optimisation.
Accumuler et scorer : la stratégie des ressources
Les ressources ne se dépensent jamais : elles sont simplement accumulées pour marquer des points en fin de partie. Le calcul est simple mais stratégique : chaque ressource est multipliée par le nombre de décorations traversées et la couleur de l’animal correspondant. Il faut donc anticiper dès le début quelles couleurs et décorations privilégier pour maximiser son score.
Mécaniques imbriquées et interaction subtile
Les mécaniques de déplacement, de collecte de cartes et d’activation des Habitats s’imbriquent parfaitement. L’interaction indirecte, via la compétition pour certaines cartes et jetons refuges, est très plaisante. Les bonus sont partout – peut-être trop – ce qui rend l’expérience immédiatement satisfaisante, mais pas toujours parfaitement équilibrée. L’optimisation est primordiale : si vous ne planifiez pas vos déplacements et acquisitions, vous risquez de vous distancer rapidement.
Thème et matériel
Le thème du castor contremaître est attachant, mais les illustrations vertes sont un peu trop prononcées et peu mémorables à mon goût. Ça manque de « personnalité », de supplément d’âme. Malgré tout, le plateau reste vivant, les composants solides et le matériel donne envie de jouer immédiatement.
❤️❤️❤️❤️
Le système de déplacement est original et plein de dilemmes : chaque action force à arbitrer entre avancer, acheter ou se reposer, et décider quels bonus activer ou quelles cartes comboter. Cela donne un rythme fluide et stimulant à chaque tour. Pour un Eurogame, le temps de jeu est très correct : 1h à 1h30 maximum. Sans être d’une complexité extrême, le jeu offre une expérience ludique riche et stratégique, avec des décisions tactiques à chaque instant.
Même si le jeu manque peut-être d’un supplément d’âme et d’illustrations plus marquantes pour en faire un top absolu, les mécaniques imbriquées, les dilemmes du déplacement, les combos d’animaux et l’optimisation des Habitats en font une expérience que j’adore revisiter. Kingdoms Crossing est malin, plaisant et stratégique : j’y reviens toujours avec grand plaisir.